The Performance of Being: A Retrospective

La performance d’être est une exposition retrospective extraordinaire d’oeuvres produites sur divers supports sur plus de quarante ans par une des artistes féministes les plus influentes au Canada. Des oeuvres tirées de quinze ensembles de travaux depuis les années 1980 jusqu’à nos jours composent cette exposition comprenant des pieces importantes empruntées à des collections privées et publiques et d’autres provenant des archives personnelles de l’artiste. Ensemble, ces oeuvres offrent aux spectateurs une expérience riche du cadre théorique et des forces motrices de la pratique prolifique de l’artiste. Inspirée toute sa vie par le spectacle, l’échelle et la sensation émotionnelle, depuis les années 1980, Streifler enrichit ses oeuvres d’applications stratégiques de dessins, de peintures, de photographies, de vidéos, de textes autobiographiques, de performance et de pièces d’art public.

Le sujet et les fondements théoriques de ses recherches à long terme demeurent constants et profondément investigateurs. Ses travaux abordent la question de « l’Autre », dans la représentation de la performance genrée, du contrôle social et du discours sur le corps, de la maternité, des corps marginalisés et non conformes ainsi que des étapes de la vie incluant le vieillissement. Chaque oeuvre se veut une forme puissante de resistance aux vérités toutes-prêtes circulant sous le manteau de l’oppression patriarcale. Les formes patriarcales de contrôle social sont enracinées dans les norms culturelles relatives à l’image corporelle de la femme, à la sexualité, à l’agentivité, aux relations familiales et à la vieillesse; chaque norme étant apparemment liée aux impressions négatives, subtiles mais omniprésentes, du public à l’égard des femmes. La performance d’être offre une dimension globale, à la fois une plainte déconstruite et un message puissant pour les groupes marginalisés de la société qui sont si souvent diabolisés et mal représentés comme étant « moins que » normaux. Streifler explique que ses travaux en atelier visent « à render honneur à ma vérité et à inciter mon auditoire à réfléchir à la leur. »

L’exposition couvre la carrière de Streifler dans son entièreté et se divise en quatre grands thèmes, notamment Mémoire et innocence (Memory and Innocence); Peur, angoisse, chagrin et rage (Fear, Anxiety, Sorrow and Rage); Performativité (Performativity) et Carnavalesque (Carnivalesque). Sous ces themes recoupés, l’exposition commence par explorer les premières influences du néo-expressionisme, du punk et de la culture de rue de New-York des années 1980 (voir To Wonder et Cleo on Stage, tous deux de 1987), influences qui ont émergé pendant ses études supérieures au Hunter College à New York. Influencée par la théorie féministe et les grands discours sur la performativité dans le domaine de la littérature et des arts visuels ainsi que dans le carnavalesque et l’abjection, Streifler dépeint des formes féminines qui semblent défier les conventions sociales, remettant en question les notions patriarcales de la beauté féminine, les normes de comportement sociales et les rôles traditionnels liés aux genres. Sa recherche soutenue s’exprime dans les tableaux lourdement émotionnels peints sur Plexiglas, dans les montages de photographies superposées de textes et de dessins alliant représentation et performativité. Les oeuvres de Streifler reflètent les expressions crues et profondes d’émotions et d’expériences et, tout dernièrement comme on l’a vu dans l’exposition She is Present, 2024, également à travers des dessins de grandes dimensions et une performance qui renvoie directement au vieillissement du corps de la femme.

Alors que ses tendances et supports stylistiques évoluent au fil des décennies, sa recherche et sa confrontation à l’égard des débats sur le corps de la femme à travers les étapes de la vie – grossesse, maternage, domestication, corps irrégulier, carnavalesque et abjection ainsi que la maladie et le vieillissement, demeurent présentes. Les travaux de Streifler, sur les divers supports, demeurent reconnus pour leur rigueur conceptuelle au sein du discours féministe au Canada.

Streifler vit à Winnipeg où elle est née et a grandi. Elle est titulaire d’un B.B.A. avec mention de l’Université du Manitoba et une maîtrise en beaux-arts du Hunter College à New York. Elle a vécu à New York pendant six ans avant d’accepter un poste au département des arts visuels de l’Université de Regina, où elle a enseigné la peinture et le dessin pendant plus de trois décennies avant de prendre sa retraite en 2019. Ses oeuvres ont été exposées à l’international et partout au pays, autant dans le cadre d’une exposition personnelle que groupée. Grâce à sa pratique estimée, à son rôle de titulaire de classe à l’Université de Regina pendant plus de trois décennies et à sa participation continue à l’institution féministe Mentoring Artists for Women’s Art in Winnipeg (MAWA), Streifler a influencé des générations d’artistes et a contribué de manière significative au canon de l’art féminin au Canada.